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Cap sur l’eau – Chapitre 3 : Utilisation de l’eau par les secteurs des ressources naturelles : le passé, le présent et l’avenir

Gràce à l’expansion de l’économie et à l’augmentation de la demande de produits agricoles, énergétiques, miniers et forestiers du Canada à travers le monde, les secteurs canadiens des ressources naturelles sont bien placés pour prospérer. En 2030, ces secteurs auront grossi d’une fois et demie, selon de récentes prévisions économiques. Il faut donc s’attendre à ce que leur utilisation de l’eau grandisse également. Mais de combien? Il est difficile de répondre à cette question puisqu’aucune base complète et utile d’information ne fait encore le lien au Canada entre la croissance économique à long terme et l’utilisation de l’eau.

Pour mieux comprendre l’effet possible d’une économie croissante sur l’utilisation à long terme de l’eau à des fins industrielles et agricoles, la TRNEE a préparé des prévisions du prélèvement d’eau jusqu’en 2030.9 Il s’agit d’une donnée importante puisqu’il est essentiel pour bien gérer l’eau d’en connaître la demande future. Les prévisions nous aident à déceler d’éventuels risques à l’utilisation durable de l’eau. Elles permettent également de mieux éclairer le dialogue en cours au sujet de l’utilisation de l’eau par les secteurs. Nos consultations et nos recherches montrent que les points de vue divergent au pays à propos de l’eau. D’aucuns estiment que l’utilisation de l’eau augmente rapidement avec le développement économique, alors que d’autres sont d’avis que malgré l’expansion économique, l’usage de l’eau diminue en général gràce à la baisse de l’intensité d’utilisation de l’eau.

Les recherches de la TRNEE révèlent que ni les premiers ni les seconds n’ont tout à fait raison. La perception publique est que la forte expansion de l’économie s’accompagnera également d’une hausse marquée de l’utilisation de l’eau au fil des ans. L’industrie estime en général faire un usage moins intensif de l’eau, c’est-à-dire en utiliser moins, pas davantage, par unité de production. Nos recherches démontrent que, dans les faits, l’industrie n’a cessé au fil des ans de scinder sa croissance économique de son prélèvement et de son utilisation de l’eau. Nos prévisions indiquent qu’à l’échelle nationale, le prélèvement d’eau par les secteurs des ressources naturelles pourrait n’augmenter que de 3 % d’ici 2030 même si la production économique globale des secteurs visés par la présente étude pourrait, elle, s’accroître de près de 40 %. Des variations sectorielles et régionales ne s’en produiront pas moins puisqu’on peut s’attendre à ce que l’utilisation de l’eau grandisse avec le temps, ce qui pourrait faire surgir d’importants défis.


DÉFINITIONS CONCERNANT L’UTILISATION DE L’EAU


  • Prélèvement d’eau. La recirculation est le volume d’eau qu’un secteur réutilise dans ses procédés. le présent rapport, est la quantité d’eau qu’un secteur achète d’un service public ou tire d’une étendue d’eau naturelle.
  • Recirculation. La recirculation est le volume d’eau qu’un secteur réutilise dans ses procédés.
  • Utilisation brute d’eau. L’utilisation brute d’eau est la quantité totale d’eau qu’utilise un secteur : la somme des prélèvements d’eau et de l’eau recirculée.
  • Évacuation. L’eau qui n’est plus requise est évacuée, souvent en la retournant à son plan d’eau d’origine.
  • Consommation. La consommation d’eau est la différence entre la quantité d’eau prélevée et la quantité d’eau évacuée.
  • Intensité d’utilisation de l’eau. L’intensité d’utilisation de l’eau est le prélèvement d’eau par unité de production ou par unité de production économique. Pour pouvoir la comparer d’un secteur à l’autre dans le cadre du présent rapport, l’intensité d’utilisation de l’eau est calculée en divisant le prélèvement d’eau par la valeur historique de la production dans le secteur.
  • Coûts d’utilisation de l’eau. Les coûts d’acquisition de l’eau comprennent les coûts des services publics, les coûts d’exploitation et d’entretien de même que les coûts de prélèvement, de recirculation et d’évacuation de l’eau.

Nos prévisions d’utilisation de l’eau d’ici 2030 sont la résultante de deux facteurs : a) l’intensité d’utilisation de l’eau, ou la quantité d’eau requise pour obtenir un produit; b) la croissance à venir du secteur, ou une prévision de production économique. Le présent chapitre commence en relatant l’historique de l’utilisation de l’eau par secteur et province. Nous couplons ensuite nos estimations du prélèvement historique de l’eau à nos prévisions économiques à long terme afin de prévoir les besoins en eau d’ici 2030 à l’échelle tant nationale que sectorielle. Une telle analyse n’ayant jamais été faite, nous présentons nos prévisions d’eau plus en détail et décrivons nos méthodes. Il est important de se rappeler qu’il ne s’agit là que d’un seul scénario présentant de possibles tendances à venir du prélèvement d’eau; il ne s’agit que d’une indication, pas d’une certitude, de ce que l’avenir réserve peut-étre à l’utilisation de l’eau dans notre pays. La TRNEE reconnaît que les prévisions d’eau seraient probablement plus utiles à l’échelle du bassin versant, mais aucune donnée ne permet de faire une telle analyse.

UTILISATION HISTORIQUE DE L’EAU, PRODUCTION ÉCONOMIQUE ET INTENSITÉ D’UTILISATION DE L’EAU

Afin d’établir une prévision d’utilisation de l’eau, il faut d’abord en connaître le prélèvement par les secteurs. Statistique Canada offre des données historiques sur l’utilisation de l’eau dans les industries de 1981 à 2005 pour les secteurs de l’agriculture, de la fabrication, de l’exploitation minière et de la production thermique d’électricité*. Ces données proviennent de cinq différentes années d’enquête10,†. Statistique Canada a modélisé l’utilisation historique de l’eau dans le secteur agricole dans le cadre d’une enquête récente, menée en 2005‡. Il y a moins de certitude quant à l’utilisation de l’eau dans le secteur pétrolier et gazier puisque les données sur l’utilisation de l’eau commencent en 2000 et ne touchent pas toutes les régions du pays 11,§ Les meilleures et plus récentes données disponibles permettent néanmoins de brosser un tableau clair de la situation.

Statistique Canada12 estime que les secteurs résidentiel, commercial, institutionnel et industriel du Canada ont prélevé en tout 42 km3 d’eau en 2005¶. De ce total, l’agriculture, les mines, la fabrication et la production thermique d’électricité en ont utilisé environ 36 km3, soit 86 %. Les secteurs visés dans le rapport sont les plus grands utilisateurs d’eau au pays. L’eau prélevée par les secteurs des ressources naturelles l’a été dans l’ordre décroissant que voici : production thermique d’électricité (77,7 %), fabrication (7,8 %), pàtes et papiers (7,2 %), agriculture (5,5 %), mines (1,3 %) et pétrole et gaz (0,6 %) (figure 2).

* L’hydroélectricité est exclue de cette étude sur les prévisions d’utilisation de l’eau en raison de la nature qualitativement différente de l’eau servant à cette fin, cette industrie utilisant l’eau alors qu’elle circule au lieu de la prélever, de la traiter et de l’évacuer comme le font d’autres secteurs.

 

Enquête sur l’eau dans les industries, 1981, 1986, 1991, 1996 et 2005.

 

1996, de Statistique Canada (2003); 2001, de Statistique Canada (2007); et 2005, de Statistique Canada (2010a)

 

§ Bien que ces ensembles de données soient utiles, le petit nombre d’observations permet difficilement à quiconque le souhaiterait d’établir des prévisions d’utilisation de l’eau pour déterminer la cause des tendances observées.

 

Un kilomètre cube (km3) d’eau est égal à mille millions de mètres cubes. Autrement dit, 1 km3 = 1 000 Mm3 et 1 Mm3 = 1 000 000 m3.

 

FIGURE 2

Figure 2 : Utilisation de l’eau par les secteurs des ressources naturelles, 2005

La recirculation de l’eau est un aspect important de l’utilisation de l’eau par de nombreux secteurs des ressources naturelles. Faire recirculer l’eau en réduit le prélèvement global. Les centrales thermiques font recirculer la plus vaste proportion de l’eau prélevée à l’échelle nationale, suivies en cela par les secteurs de la fabrication et des mines (figure 3).

FIGURE 3

Figure 3 : Recirculation de l’eau par les secteurs des ressources naturelles, 2005

Il en va tout autrement lorsqu’on compare les taux de recirculation des secteurs, c’est-à-dire la quantité d’eau qu’un secteur des ressources naturelles fait recirculer comparativement à un autre. À ce chapitre, les centrales thermiques sont le secteur qui fait recirculer le moins d’eau (figure 4). Cela tranche avec les taux de recirculation nettement plus élevés qui s’observent dans le secteur pétrolier et gazier (85 %) et dans le secteur minier (81 %).

FIGURE 4

Figure 4 : Taux de recirculation de l’eau dans les secteurs, 2005

Les tendances historiques qui ont été observées de 1981 à 2005 montrent que le prélèvement d’eau s’est globalement accru d’environ 13 % durant cette période de 24 ans. En 1991, il atteint un palier supérieur d’environ 26 % au niveau de 1981 avant d’amorcer une tendance à la baisse jusqu’en 2005 (figure 5). Au cours des 15 dernières années, le prélèvement d’eau a diminué dans bon nombre de secteurs, l’ayant surtout fait dans les secteurs de l’agriculture et des mines.

FIGURE 5

Figure 5 : Utilisation de l’eau dans les secteurs des ressources naturelles, 1981-2005

C’est en Ontario et en Alberta qu’il s’utilise le plus d’eau, ce qui témoigne de la place importante qu’occupent les centrales thermiques dans l’économie de ces provinces (figure 6). L’utilisation abondante de l’eau qui s’y fait à des fins agricoles et manufacturières explique également que l’Ontario soit proportionnellement l’un des grands utilisateurs d’eau à l’échelle nationale. Moins de 5 % de l’eau utilisée en Alberta l’est par le secteur du pétrole et du gaz. L’hydroélectricité étant exclue de la présente étude, le secteur manufacturier, le troisième utilisateur d’eau en importance selon notre étude, arrive premier au Québec. En Saskatchewan et dans le Canada atlantique, le secteur de la production thermique d’électricité utilise plus d’eau que tout autre, bien que l’utilisation d’eau à des fins agricoles l’emporte en Saskatchewan. En Colombie- Britannique, les prélèvements d’eau se font surtout dans le secteur de la production thermique d’électricité et dans le secteur manufacturier, chacun réalisant environ 40 % des prélèvements. Enfin, en 2005, c’est au Manitoba qu’il se prélevait le moins d’eau au pays, le secteur agricole y étant responsable de plus de 50 % de l’utilisation totale de l’eau qu’y faisaient alors les secteurs des ressources naturelles.

FIGURE 6

Figure 6 : Utilisation de l’eau dans les secteurs des ressources naturelles, selon la province, 2005

Ayant dégagé les tendances historiques du prélèvement d’eau, nous pouvons maintenant examiner l’intensité d’utilisation de l’eau. Mais il nous faut d’abord définir l’activité économique de ces secteurs. Malgré le ralentissement économique du début des années 1980, la production globale s’y est accrue de manière constante pour atteindre en 2005 un niveau supérieur d’environ 70 % à celui de 1981. La croissance a été beaucoup plus rapide dans ces secteurs que dans l’économie canadienne en général, laquelle s’est accrue d’environ 40 % durant la même période. Le secteur pétrolier et gazier a prospéré encore plus, sa production ayant plus que sextuplé de 1981 à 2005. La figure 7 montre la valeur et l’augmentation réelle de la production (en dollars de 2010) de chacun des secteurs de l’économie de 1981 à 2005*. Le secteur manufacturier arrive premier, 60 % de toute la production s’y étant faite durant cette période.

* Les données sur la valeur de la production sont de 2005 et proviennent du Système de comptabilité nationale de Statistique Canada, dont les données de sortie nationales et provinciales sont réparties selon le produit, le secteur et la région. Les données ventilées sur la production du secteur de l’électricité et de celui du pétrole et du gaz proviennent de Ressources naturelles Canada, 2011.

 

FIGURE 7

Figure 7 : Valeur de la production des secteurs des ressources naturelles, 1981-2005

Connaître tant le prélèvement historique de l’eau que la valeur historique de la production nous permet maintenant de calculer l’intensité d’utilisation de l’eau* — définie en l’occurrence comme le prélèvement d’eau par dollar de production — dans chaque secteur. Il est important de le déterminer parce que nous devons, pour prévoir l’utilisation de l’eau, connaître la variation de l’utilisation de l’eau au fil du temps pour estimer celle du prélèvement d’eau dans une économie en expansion.

Face à l’essor économique des secteurs des ressources naturelles et au fléchissement du prélèvement de l’eau au fil du temps, il ne faut pas s’étonner que l’intensité d’utilisation de l’eau a diminuée. Depuis 1981, les secteurs des ressources naturelles ne cessent de scinder la croissance économique de l’utilisation de l’eau, la baisse de l’utilisation ayant été d’environ 20 % pour chaque dollar de production (figure 8). Bien qu’il s’agisse d’une constatation importante, il ne s’est pas fait suffisamment de recherches au Canada pour expliquer pleinement le déclin de l’intensité d’utilisation de l’eau. Nous savons toutefois qu’au nombre des facteurs importants figurent les changements technologiques, la composition changeante des secteurs industriels et l’évolution des procédés de recirculation interne de l’eau.

* Utiliser cette définition de l’intensité d’utilisation de l’eau permet d’effectuer des comparaisons intersectorielles. Définir cette intensité comme le prélèvement d’eau par unité de production ne permettrait pas de faire des comparaisons infrasectorielles.

 

FIGURE 8

Figure 8 : Intensité d’utilisation de l’eau par les secteurs des ressources naturelles, 1981-2005

L’utilisation de l’eau par chaque secteur, y compris l’intensité de cette utilisation, le prélèvement d’eau et la production économique, est examinée séparément ci-dessous*.

* Pour comparer plus facilement les valeurs de la production économique, du prélèvement d’eau et de l’intensité d’utilisation de l’eau, cellesci le sont à l’aide d’un indice dont le point de départ est 1981 = 1. La production économique du secteur pétrolier et gazier s’est accrue si
rapidement qu’il faut en augmenter l’indice à 7.

 

PRODUCTION THERMIQUE D’ÉLECTRICITÉ

Les centrales thermiques prélèvent plus d’eau que tout autre secteur, surtout dans les étendues d’eau de l’Ontario, de l’Alberta et de la Saskatchewan. Ce secteur a prélevé 66 % de toute l’eau captée au Canada en 2005; son utilisation de l’eau s’est accrue d’environ 53 % de 1981 à 2005 (figure 9). La production thermique d’électricité se fait à partir de combustibles fossiles

FIGURE 9

Figure 9 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le secteur de la production thermique d’électricité

classiques et d’énergie nucléaire, les centrales utilisant 140 litres d’eau dans le premier cas et 205 dans le second pour fabriquer un kilowattheure d’électricité13. Bien qu’une faible portion de l’eau soit convertie en vapeur et utilisée pour faire tourner un générateur d’électricité, la majeure partie de l’est sert au refroidissement. On fait ensuite recirculer cette eau, sinon on l’évacue. En 2005, environ 2,5 % de l’eau prélevée par ce secteur a été consommée principalement par perte de vapeur durant le processus de refroidissement.

La valeur économique de la production de ce secteur s’est accrue d’environ 80 % de 1981 à 2005, pour atteindre 15,6 milliards de dollars. À cause de l’effet conjugué de cette hausse et de l’augmentation du prélèvement d’eau (53 %), aucun autre secteur n’utilise l’eau avec autant d’intensité. En 2005, ce secteur a prélevé plus d’eau que tout autre au pays, n’ayant toutefois réalisé que 3,1 % de la production économique totale du pays. Par conséquent, l’intensité d’utilisation de l’eau y a fléchi de 16 % de 1981 à 2005.

The economic value of this sector’s output in 2005 was $15.6 billion, or about 80% greater than 1981. This increase in value, coupled with rising water intake (53%), results in thermal having the highest water-use intensity of any sector. In 2005 this sector had the greatest water intake in Canada but produced only 3.1% of total national economic output. As a result, water-use intensity fell by 16% from 1981 to 2005.

FABRICATION

En 2005, la fabrication occupait toujours le deuxième rang des utilisateurs d’eau parmi les secteurs des ressources naturelles, ayant fait près de 13 % des prélèvements d’eau à l’échelle nationale, soit moitié moins qu’en 1981 (figure 10). Dans le secteur manufacturier, l’eau peut servir de nombreuses façons : comme matière première pour fabriquer des pàtes ou des boissons, comme solvant pour enlever des matières indésirables ou comme agent de transport pour déplacer des produits. Les plus grands utilisateurs d’eau à des fins manufacturières sont l’industrie du papier et celle de la première transformation des métaux, qui ont fait respectivement 48 % et 29 % d’un tel usage de l’eau en 200514.

FIGURE 10

Figure 10 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le secteur de la fabrication

Malgré le recul de la production économique de 1981 à 1986 (attribuable surtout à la chute de 39 % de la fabrication de produits du pétrole et du charbon), la production manufacturière s’est accrue de 34 % depuis 1981. Ce tandem de croissance de la production et baisse rapide du prélèvement d’eau s’est soldé par une réduction spectaculaire de l’intensité d’utilisation de l’eau. Depuis 1981, en effet, cette intensité a diminué de plus de moitié (figure 10).

Compte tenu de la diversité de la production manufacturière, il n’est pas étonnant que l’intensité d’utilisation de l’eau soit forte dans certains sous-secteurs et faible dans d’autres. Les secteurs où l’intensité d’utilisation de l’eau est forte comprennent les pàtes et papiers (figure 11), la première transformation des métaux et la fabrication de produits chimiques, alors que ceux où elle est faible incluent la fabrication de produits minéraux non métalliques, le pétrole et le gaz ainsi que la transformation des aliments. La transformation des aliments est le seul sous-secteur à ne pas avoir prélevé moins d’eau entre 1981 et 2005. La réduction la plus spectaculaire du prélèvement d’eau s’est produite dans l’industrie de la fabrication de produits chimiques, qui prélève six fois moins d’eau, sa part du prélèvement total d’eau à des fins manufacturières étant passée de 34 % à 9 %.

FIGURE 11

Figure 11 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le sous-secteur des pâtes et papiers

Le sous-secteur des pàtes et papiers fait partie du secteur manufacturier selon les données de Statistique Canada. Son utilisation de l’eau représente environ la moitié de celle, totale, du secteur manufacturier, ce qui en fait l’un des sous-secteurs les plus hydrophages (figure 11). De 1981 à 2005, les pàtes et papiers ont augmenté graduellement la valeur de leur production économique tout en prélevant quelque 20 % moins d’eau. Il s’ensuit que l’intensité d’utilisation de l’eau du sous-secteur des pàtes et papiers a diminué progressivement d’environ 40 % durant cette période.

AGRICULTURE

En 2005, l’eau utilisée à des fins agricoles représentait 5 % de l’eau prélevée à l’échelle nationale. L’agriculture comprend deux sous-secteurs : les cultures agricoles et l’élevage d’animaux. L’eau utilisée à des fins agricoles l’est surtout pour l’irrigation (84 %) et l’abreuvement du bétail (14 %). Au contraire de la situation dans les secteurs industriels, la majeure partie de l’utilisation de l’eau qui se fait dans le secteur agricole est jugée non rationnelle, l’eau s’évaporant, transpirant ou se perdant sous terre, tant et si bien qu’à peine le quart de l’eau prélevée est retournée à sa source.

FIGURE 12

Figure 12 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le secteur de l’agriculture

Le prélèvement d’eau à des fins agricoles s’est accru d’environ 50 % de 1981 à 2001 au terme d’une hausse constante avant de connaître une forte baisse de 57 % de 2001 à 2005 et d’ainsi redescendre à 38 % de moins qu’en 1981 (figure 12). La valeur de la production agricole s’est accrue régulièrement, étant passée de 24,5 milliards de dollars en 1981 à 38,6 milliards de dollars en 2005. Cela, conjugué à la baisse importante du prélèvement d’eau intervenue de 2001 à 2005, a eu pour effet de réduire l’intensité d’utilisation de l’eau de 60 % de 1981 à 2005, le recul le plus marqué s’étant produit en 2001.

Bien que la valeur de la production du sous-secteur des cultures agricoles soit historiquement égale à celle de l’élevage d’animaux, 95 % de l’eau utilisée à des fins agricoles l’a été par ce sous-secteur. De 1981 à 2001, l’utilisation de l’eau et la croissance économique ont augmenté à l’unisson, toutes proportions gardées, de sorte que l’intensité d’utilisation de l’eau dans le sous-secteur des cultures agricoles est demeurée relativement stable. Mais de 2001 à 2005, l’utilisation de l’eau par ce sous-secteur a chuté du tiers. Cette baisse de l’utilisation de l’eau par unité de production résulte sans doute de la forte baisse, occasionnée par l’augmentation des précipitations cette année-là, de la quantité d’eau requise pour irriguer les cultures. Cette diminution du prélèvement a fait chuter l’intensité d’utilisation de l’eau de 70 % de 1981 à 2005.

On s’explique difficilement que l’intensité d’utilisation de l’eau ait ainsi diminué dans le secteur agricole. Mais selon des études de cas réalisées dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie- Britannique, où l’intensité d’utilisation de l’eau a nettement diminué, cela pourrait tenir aux raisons suivantes : le temps et les conditions climatiques, l’adoption de technologies de pointe et de pratiques de gestion exemplaires, le passage à des cultures résistantes à la sécheresse (moins hydrophages) et le déclassement de terres auparavant irriguées15.

PÉTROLE ET GAZ

Il ne s’utilise que relativement peu d’eau pour extraire le pétrole et le gaz à l’échelle nationale, cette activité et l’utilisation connexe de l’eau ayant surtout lieu en Alberta. L’eau sert par-dessus tout à l’extraction du pétrole non classique et des gaz nouveaux, y compris dans le sous-secteur des sables bitumineux. Le prélèvement global d’eau à des fins pétrolières et gazières a suivi une tendance inégale de 2001 à 2005. Il varie manifestement au gré des sous-secteurs, ayant décru dans certains durant la période (de 18 % dans celui du pétrole classique) et progressé dans d’autres (de 68 % dans celui des nouveaux gaz). Il n’y avait de données sur l’utilisation de l’eau qu’à partir de l’année 2001. Nous les avons donc utilisées pour estimer l’utilisation de l’eau antérieure à 2001.

Dans l’ensemble, l’intensité de l’utilisation de l’eau par le secteur du pétrole et du gaz a chuté au affiche l’utilisation d’eau la moins intensive puisque sa production économique est relativement grande (23 % de la production, tous secteurs confondus) compte tenu de la faible quantité d’eau servant à l’obtenir (0,6 % de l’eau prélevée par les secteurs visés par la présente étude). En 2005, le plus grand utilisateur d’eau de ce secteur était le sous-secteur de l’exploitation minière des sables bitumineux, qui a utilisé 66 % de toute l’eau prélevée par le secteur en ne réalisant toutefois que 12 % de la production économique totale de celui-ci, faisant du coup l’utilisation la plus intensive de l’eau de tous les sous-secteurs. Par contre, le sous-secteur du pétrole classique et du gaz naturel, auteur de la majorité — 64 % en l’occurrence — de la production économique du secteur en 2005, a été cette année-là l’un des utilisateurs ayant le moins prélevé d’eau (27 %) et celui ayant de ce fait utilisé l’eau le moins intensément.

FIGURE 13

Figure 13 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le secteur du pétrole et du gaz

EXPLOITATION MINIÈRE

Le secteur des mines utilise très peu d’eau, n’ayant réalisé que 1 % des prélèvements d’eau au pays en 2005. En font partie les sous-secteurs de l’exploitation minière du charbon, de minerais métalliques et de minerais non métalliques. L’eau y sert à rafraîchir les fleurets, à séparer les minerais de la roche extraite, à laver le minerai exploité et à l’épurer de toute matière indésirable. Le secteur des mines a l’un des taux de recirculation les plus élevés. Statistique Canada indique que le secteur retourne davantage d’eau à l’environnement qu’il n’en extrait puisque l’eau évacuée s’accumule sur le site de la mine, ce qui s’explique souvent par l’interception d’eau souterraine16.

Dans l’ensemble, le secteur minier utilise de moins en moins d’eau, ayant graduellement réduit ses prélèvements de 1981 à 2005, sauf en 1996, année où il en a prélevé davantage. Le secteur a cependant réduit ses prélèvements d’eau de 33 % de 1996 à 2005. Durant la même période, la production s’y est accrue d’environ 48 %, y provoquant une baisse importante de l’intensité d’utilisation de l’eau (figure 14). Cette intensité diminue dans tous les sous-secteurs miniers depuis 1981. Même si la tendance y est la baisse, des variations s’y sont tout de même produites, comme de 1996 à 2005. La production s’est quant à elle accrue dans tous les sous-secteurs de 1981 à 2005. Par conséquent, l’intensité d’utilisation de l’eau a globalement chuté dans tous les sous-secteurs de 1981 à 2005 en dépit d’une hausse en 1996.

FIGURE 14

Figure 14 : Prélèvement d’eau, production économique et intensité d’utilisation de l’eau dans le secteur de l’exploitation minière

PRÉVISIONS RELATIVES À L’EAU POUR LES SECTEURS DES RESSOURCES NATURELLES

Avant de chercher à prévoir la quantité d’eau prélevée en 2030, il faut d’abord prévoir l’intensité d’utilisation de l’eau, puis la croissance économique. Chacune de ces prévisions est abordée ci-dessous.

PRÉVISIONS D’INTENSITÉ D’UTILISATION DE L’EAU

Afin de prévoir l’utilisation de l’eau, il fallait d’abord en estimer l’éventuelle intensité en 2030. Nous y sommes parvenus en utilisant les tendances historiques de l’intensité d’utilisation de l’eau présentées dans la section précédente pour chaque secteur et sous-secteur. D’importantes hypothèses ont été utilisées pour établir ces prévisions d’intensité, dont certains aspects importants méritent qu’on s’y arrête :

  • Agriculture. L’intensité d’utilisation de l’eau par le secteur de l’agriculture a fortement diminué de 1981 à 2005, ayant chuté d’environ 60 %. Toutefois, compte tenu de l’importance de l’irrigation dans le prélèvement d’eau et de l’intensité relativement stable de l’utilisation d’eau dans le secteur des cultures agricoles au fil du temps, nous utilisons pour jusqu’en 2030 l’intensité d’utilisation de l’eau observée en 2005.
  • Extraction du pétrole et du gaz. On s’attend à ce que l’intensité d’utilisation de l’eau s’améliore de 52 % dans l’ensemble du secteur pétrolier et gazier tout en variant beaucoup d’un sous-secteur à l’autre. Voici pourquoi :
    • Compte tenu de sa tendance historique, l’intensité d’utilisation de l’eau devrait continuer à s’améliorer dans l’exploitation du pétrole classique ainsi que dans l’exploitation minière et in situ des sables bitumineux. On s’attend à ce que cette intensité diminue le plus dans le sous-secteur de l’extraction in situ du pétrole compte tenu des économies significatives qui seront réalisées d’ici 201517, après quoi, nous pouvons présumer que l’intensité d’utilisation de l’eau se maintiendra jusqu’en 2030.
    • Faute de données sur l’utilisation de l’eau pour les différents types de production de gaz naturel, le calcul de la prévision d’intensité d’utilisation de l’eau s’applique à l’ensemble de la production de gaz naturel. De 2,2 % par année de 2000 à 2005, la croissance de cette intensité devrait ralentir, pour se chiffrer à 1,6 % par année de 2005 à 2030. Cette augmentation pourrait s’expliquer par le passage qui s’opère de la production de gaz classique à l’exploitation des ressources en gaz de formation imperméable et en gaz de schiste, qui devrait nécessiter d’abondantes quantités d’eau.

Par conséquent, malgré la baisse ou la stabilité de l’intensité d’utilisation de l’eau de chaque sous-secteur pétrolier et gazier, l’intensité globale de cette utilisation devrait s’accentuer de 52 % d’ici 2030 selon nos scénarios, la production de pétrole étant censée dépasser la production de gaz naturel. De 2005 à 2030, la proportion de la production basculera, passant de 52 % pour le pétrole et 48 % pour le gaz naturel à 74 % pour le pétrole et 26 % pour le gaz naturel. L’eau étant utilisée beaucoup plus intensément pour produire du pétrole que du gaz naturel, l’intensité globale d’utilisation de l’eau augmentera de 52 % dans le secteur pétrolier et gazier.

  • Fabrication. L’intensité d’utilisation de l’eau a diminué dans tous les sous-secteurs manufacturiers jusqu’en 2005 et devrait continuer à le faire jusqu’en 2030. Dans le soussecteur des pàtes et papiers, elle a diminué considérablement de 1981 à 1996, pour ensuite demeurer stable jusqu’en 2005. Dans l’ensemble du secteur manufacturier, l’utilisation de l’eau devrait, selon nos prévisions, demeurer plutôt stationnaire jusqu’en 2030.
  • Mines. Compte tenu de sa baisse générale dans le secteur minier, l’intensité d’utilisation de l’eau devrait y poursuivre son déclin jusqu’en 2030. Mais il y aura d’importants écarts sous-sectoriels.
  • Électricité d’origine thermique. Selon les données historiques, l’intensité d’utilisation de l’eau pour la production thermique d’électricité devrait continuer à fléchir pour diminuer de 20 % d’ici 2030.

Il est toutefois important de noter que l’intensité d’utilisation de l’eau peut varier substantiellement d’une région à l’autre pour chaque secteur et sous-secteur. La TRNEE reconnaît donc que le fait de n’attribuer qu’une seule valeur à l’intensité d’utilisation de l’eau dans le cadre de ses projections ne rend pas compte du fait qu’il y a probablement des différences régionales.

Le tableau 1 présente des renseignements sous-sectoriels pour les prévisions d’intensité d’utilisation de l’eau. L’annexe 3 explique plus en détail la méthode de calcul de l’intensité d’utilisation de l’eau.

TABLEAU 1

Tableau 1 : Prévisions de l’intensité d’utilisation de l’eau

PRÉVISIONS DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Les prévisions de croissance économique jusqu’en 2030 s’obtiennent en prévoyant les taux de croissance des sous-secteurs et en appliquant ces taux de croissance aux données économiques nationales pour l’année de référence 200518. Pour la plupart des secteurs, les prévisions de croissance jusqu’en 2030 proviennent d’Informetrica19. Nous avons établi une prévision ventilée pour le secteur du pétrole et du gaz avec les données de l’Association canadienne des producteurs pétroliers20 et de l’Office national de l’énergie21. Notre prévision de croissance pour le secteur de l’électricité est le résultat d’une modélisation originale*.

La production brute de la plupart des secteurs devrait augmenter d’ici 2030. Bien qu’on s’attende à ce que cette croissance culmine dans les sous-secteurs économiques de l’exploitation minière et de l’exploitation in situ des sables bitumineux, la réduction prévue de la production de pétrole et de gaz classiques limitera à 37 % d’ici 2030 l’augmentation à venir dans l’ensemble du secteur pétrolier et gazier. C’est ensuite dans le sous-secteur de l’élevage d’animaux que la production devrait s’accroître le plus, de 64 % en l’occurrence, puis dans celui de la fabrication de produits chimiques, celui de la production de produits du pétrole et du charbon et celui des cultures agricoles. On s’attend à ce que la part du gaz de schiste dans la production du gaz naturel passe de 0 % en 2005 à 18 % en 2030. Les secteurs des mines et de la fabrication ont été les plus durement frappés par le ralentissement économique récent, la production de chacun ayant diminué de 2005 à 2010. Mais d’ici 2015, tous deux devraient produire davantage qu’en 2005. Le tableau 2 présente de plus amples renseignements sur les prévisions de production économique par sous-secteur jusqu’en 2030.

* Le modèle du SCMI est une représentation technologiquement explicite du système énergie-économie canadien. La prévision de production pour le secteur de l’électricité s’appuie sur le calcul de la demande de l’économie canadienne.

 

TABLEAU 2

Tableau 2 : Prévisions de croissance économique (production brute), 2005 à 2030

PRÉVISIONS DE PRÉLÈVEMENT D’EAU

Nous estimons, après avoir combiné les prévisions d’intensité d’utilisation de l’eau aux prévisions de croissance économique des secteurs, que le prélèvement d’eau augmentera globalement de quelque 3 % à l’échelle nationale, passant de 35 799 Mm3 en 2005 à 36 787 Mm3 en 2030. Cette augmentation globale tient surtout au fait que les secteurs de l’agriculture et du pétrole et du gaz prélèveront davantage d’eau (tableau 3).

TABLEAU 3

Tableau 3 : Aperçu des prévisions de prélèvement d’eau jusqu’en 2030, selon le secteur

L’intensité d’utilisation de l’eau étant censée s’améliorer relativement peu de 2015 à 2030 dans le secteur de l’agriculture et dans celui du pétrole et du gaz (en particulier dans les sous-secteurs de l’exploitation minière et l’exploitation in situ des sables bitumineux), le prélèvement de l’eau ira de pair avec la forte croissance prévue de l’économie dans ces branches d’activité. Il s’agit toutefois là de prévisions assez modestes compte tenu de toute l’eau prélevée par les secteurs des ressources naturelles. Par exemple, bien qu’on s’attende à ce que le secteur pétrolier et gazier prélève 96 % plus d’eau en 2030, il ne puisera alors qu’environ 1 % de toute l’eau qui sera prélevée au pays par l’ensemble des secteurs des ressources naturelles. Cela signifie tout de même qu’il se prélèvera, toutes proportions gardées, davantage d’eau dans les bassins versants régionaux.

S’il est vrai que la plupart des secteurs devraient accroître leur prélèvement d’eau d’ici 2030, on s’attend à ce que certains sous-secteurs réduisent le leur. On s’attend à ce que ceux du pétrole et du gaz classiques prélèvent moins d’eau en raison surtout du ralentissement prévu de leur production économique. Il devrait également se prélever moins d’eau dans les domaines de la première transformation des métaux et de la production thermique d’électricité puisque l’intensité d’utilisation de l’eau y diminuera.

Le tableau 4 présente le détail des prévisions de prélèvement d’eau par secteur et sous-secteur ainsi que la variation prévue par rapport à la tendance historique.

TABLEAU 4

Tableau 4 : Prévisions de prélèvement d’eau, 2005 à 2030

L’activité économique devrait augmenter plus rapidement que l’intensité d’utilisation de l’eau ne diminuera et amener tous les secteurs, sauf celui de la production thermique d’électricité, à prélever de plus grandes quantités d’eau de 2005 à 2030. Il y a des variations sous-sectorielles dans ces moyennes de secteur (tableau 4). Le sous-secteur de la production thermique d’électricité sera encore le plus grand utilisateur d’eau au Canada en 2030, suivi de ceux de la fabrication et de l’agriculture (figure 15). Il devrait cependant prélever environ 2 % moins d’eau, ce qui débouchera sur une augmentation globale de 3 % à l’échelle nationale..

FIGURE 15

Figure 15 : Prélèvement d’eau, historique et prévu, selon le secteur

Bien que nos prévisions indiquent que l’utilisation de l’eau restera dans l’ensemble assez constante jusqu’en 2030 à l’échelle nationale, il pourrait y avoir d’importantes variations soussectorielles (figure 16). Certains sous-secteurs prélèvent moins d’eau, comme ceux du pétrole et du gaz classiques et de la production thermique d’électricité, alors que d’autres en prélèvent nettement plus, comme ceux du pétrole non classique et des gaz nouveaux. Compte tenu de la concentration régionale de l’exploitation du pétrole et du gaz, il se pourrait que l’utilisation de l’eau subisse des pressions locales. Le prélèvement d’eau à des fins agricoles augmentera sans doute et la pression sur les ressources en eau pourrait également s’accentuer dans le secteur en raison de sa dispersion géographique. Ainsi, la faible augmentation prévue de l’utilisation de l’eau pourrait dissimuler d’importantes variations sectorielles et régionales.

FIGURE 16

Cap sur l'eau - Figure 16

RÉSUMÉ

Notre analyse révèle que les secteurs des ressources naturelles n’ont cessé de scinder leur croissance économique de leur prélèvement et de leur utilisation de l’eau. Bien que la plupart des secteurs aient réalisé des gains historiques sur le plan économique, le prélèvement d’eau ne s’y est pas accru au même rythme que l’économie, d’où leur utilisation moins intensive de l’eau.

Les prévisions d’utilisation de l’eau jusqu’en 2030, tous secteurs des ressources naturelles confondus à l’échelle nationale, semblent indiquer que le prélèvement d’eau connaîtra des augmentations mineures. Mais ce tableau national de la situation masque sans doute des différences régionales et sectorielles, qu’il y aurait lieu d’étudier plus à fond dans un contexte régional.

Nous avons présenté nos prévisions à des représentants de l’industrie pour en vérifier la validité et nous avons également fait le tour des technologies afin de trouver d’éventuels moyens d’améliorer celles de l’eau. Malgré cela, nos prévisions ont des limites, surtout parce qu’elles se fondent sur l’utilisation historique de l’eau. De nombreux facteurs pourraient un jour altérer ces prévisions, en particulier les améliorations progressives de l’utilisation de l’eau par le déploiement de technologies. Il serait encore plus éclairant de réaliser des prévisions à l’échelle provinciale et des bassins versants. Il est plus sensé de gérer l’offre et la demande à l’échelle du bassin versant. L’obtention de données fiables à ce niveau permettra de brosser un tableau plus clair et détaillé des tendances de l’utilisation de l’eau et des pressions qui s’exercent sur celle-ci et aidera les gestionnaires de l’eau des secteurs privé et public à prendre des décisions.

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Footnotes

9 MKJA, 2011

10 Statistique Canada, 2010b, 2010c

11 Golder and Associates 2010

12 Statistique Canada, 2010a

13 Environnement Canada, 2010

14 Statistique Canada, 2010c

15 Projet de recherche sur les politiques (PRP), 2005

16 Statistique Canada, 2010a

17 Golder and Associates, 2010

18 Statistique Canada, 2005

19 Informetrica Ltd., 2011

20 Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP), 2010

21 Office national de l’énergie (ONE), 2009